Elle est seule au boudoir
En bandeaux d’or liquide,
En robe d’or fluide
Sur fond blanc dans le soir
Teinté d’or vert et noir.
Un pot bleu japonise
Délicieusement
Dont s’élance gaiment
Dans l’atmosphère exquise
Oû l’âme s’adonise
Un flot mélodieux
Selon le rhythme juste—
De roses, chœur auguste,
Bouquet insidieux
Au conseil radieux!
Elle, belle comme elles,
Les roses, n’élit plus
Dans ses cheveux élus
Qu’une de ces fleurs belles
Comme elle, et de ciseaux
Prestes, tels des oiseaux,
La coupe ou, mieux, la cueille
Avec le soin charmant
D’y laisser joliment
La grâce d’une feuille
Verte comme le soir
Noir et or du boudoir.
Cependant
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Cependant que persiste
La splendeur, à côté,
Du plumage bleuté
De l’orgueil, qui s’attriste,
D’un paon jadis vainqueur
Aux jardins de ce cœur.
PAUL VERLAINE.
PARIS, Sept. 1895.
MLA citation:
Verlaine, Paul. “Monna Rosa.” The Pageant, 1896, pp. 14-19. Pageant Digital Edition, edited by Frederick King and Lorraine Janzen Kooistra, 2019-2021. Yellow Nineties 2.0, Ryerson University Centre for Digital Humanities, 2021. https://1890s.ca/pag1_verlaine_monnarosa/