Usable according to the Creative Commons License Attribution Non-commercial Share-alike.
Our editorial method is informed by social-text editing principles. By “text” we mean verbal and visual printed material, including non-referential physical elements such as bindings, page layouts, and ornaments. We view any text as the outcome of collaborative processes that have specific manifestations at precise historical moments. The Yellow Nineties Online publishes facsimile editions of a select collection of fin-de- siècle aesthetic periodicals, together with paratexts of production and reception such as cover designs, advertising materials, and reviews. This historical material is enhanced by two kinds of peer-reviewed scholarly commentary: biographies of the periodicals’ contributors and associates; and critical introductions to each title and volume by experts in the field. All scholarly material on the site is vetted by the editor(s) and peer- reviewed by them and/or an international board of advisors. The site as a whole is peer- reviewed by NINES (Networked Infrastructure for Nineteenth-Century Electronic Scholarship). Contributors to the site retain personal copyright in their material. The site is licensed with a Creative Commons Attribution-NonCommercial-ShareAlike 3.0 license. Both primary and secondary materials, including all visual images, are marked up in TEI- (Textual-Encoding Initiative) compliant XML (Extensible Markup Language). To ensure maximum flexibility for users, magazines are available on the site as virtual objects (facsimiles) in FlipBook form; in HTML for online reading; in PDF for downloading and collecting; and in XML for those who wish to review and/or adapt our tag sets. In order to make ornamental devices, such as initial letters, head- and tail- pieces, searchable, we have developed a Database of Ornament in OMEKA, and linked it to the relevant pages of each magazine edition. As a dynamic structure, a scholarly website is always in process; Phase One of The Yellow Nineties Online (2010-2015) is completed and Phase Two (2016-2021) is underway.
IL faut allumer les lampes dans les chambres closes.
Une nuit blême, étrange, qui devance l'heure, ensevelit
la lumière du ciel. C'est que la neige est en suspens,
là, tout près, dans cette nué ouatèe où mon regard
s'enfonce et se perd. La neige hésite: elle a peur de
quitter cette molle nuée où elle dort, pour traverser
l'air sombre en flocons seuls, frissonnants, tout de suite dessous
en boue hideuse et en pleurs. Elle hésite devant sa destiné....
Tout à coup, un premier flocon se décide. Du nuage où se
cache sa naissance indiscernable, il se laisse tomber, duvet de
cygne, tournoyant à chaque souffle. Il se pose sur le bord de
plomb de ma fenêtre : à peine l'a-t-il touché, qu'il expire. Plus
rien; c'est un flocon perdu.—Mais un autre se risque; sa frêle
étoile de diamant tombe tout près de la place où le premier
s'est évanoui. Une seconde, il demeure, puis s'éteint. Un
autre voltige et se pose, à la même place, deux secondes. Le
plomb terne du toit commence à briller de larmes, là où les
premiers flocons, isolés, ont expiré. A part ces larmes, rien
n'en reste: ils s'étaient trop hâtés. . . . Mais alors d'autres,
nombreux, puis plus nombreux et pressés à la fin, se précipitent
ici, là plus loin, dans les profondeurs de l'air. Le mouvement
silencieux de leur vol ajoute du silence au jardin immobile.
Sur le rebord du toit, ils se rejoignent, ils s'associent: chacun
prête à chacun sa fraîcheur. Et, ainsi unis, ils résistent a l'air
jaloux. Bientôt un bourrelet de cygne continu, sans souillure,
éblouissant, épais, couronne toute la maison, toutes les branches
nues des arbres, toutes les noirceurs des choses. La blancheur,
doucement, l'a emporté, elle triomphe de toutes parts, elle
règne. . . . En ce même moment, je m'étais arrêté d'écrire, par
lassitude, non des doigts, mais du cceur. C'était une de ces
heures grises où se brouillent en nous les raisons d'espérer et
d'agir. L'image du monde contenue en une pensée fuyante;
la volonté qui me fait sauter du lit le matin, je sens que dans
peu de temps elles ne seront plus; elles périront avec moi, et
ne seront pas reprises par un autre. Ce que je veux ne
triomphera pas. . . . Mais à temps, tu m'as rappelé à la
vérité, ô neige parfaitement pure, muette et douce,
ô frêle et fluide, ô patiente et jamais découragée!